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À cheval sur le dos des oiseaux 

De Céline Delbecq

Création
Du 10 au 23 janvier 2025 au Théâtre National  Populaire - Villeurbanne
Mise en scène : Pierre Germain et Pauline Hercule
Avec : Virginie Colemyn  

Présentation

Depuis toute petite, Carine Bielen a été mise dans une case : « arriérée », « débile », « handicapée ».
Au fil d’un monologue intime et puissant, elle livre une parole poétique, sans filtre et débordante d’humanité.

Carine Bielen, 47 ans, vit seule avec son fils Logan. Avec ses mots simples, elle se raconte : son milieu précaire, son enfance tiraillée entre sa famille et son foyer d’accueil, ses rencontres à l’Auberge... Et l’arrivée soudaine d’un nourrisson, qui a changé sa vie. Carine se bat pour garder la garde de son fils et qu’il puisse accéder à une « école normale ».

De la petite vie qu’elle nous raconte, ressort la poésie, le tragique et l’humour des instants choisis ou subits : l’achat d’un fromage au Aldi, le ballon rouge de son fils Logan, la contemplation des oiseaux, le planning rigide imposé par les assistantes sociales...

À cheval sur le dos des oiseaux traverse ainsi l’histoire d’une femme issue d’un milieu précaire, reléguée très tôt vers une filière handicapée, et pourtant pleine d’amour, de vie, de fulgurances, d’humour et de poésie. À travers la parole de cette femme à la marge, l’autrice dépeint notre société empreint de normes discriminatoires. Car face à Carine, une autorité choisira pour elle, comme toujours, si elle est « capable » de s’occuper de son fils. Signant une partition qui fait écho tant à l’intime qu’à l’universel, Céline Delbecq nous suspend au récit d’une femme qui raconte sa tragédie.

Questionnements : la norme et la famille

Quel est notre rapport à la norme et à la différence ? Dans quelle mesure peut-on mettre en perspective la norme et la réinterroger ?

Le personnage de Carine Bielen interpelle le regard qui peut être posé sur des personnes différentes, à côté, en marge du monde et qui sortent du cadre imposé par la norme. Elle se dresse devant nous comme une grande enfant, avec naturel, et se livre sans filtre avec une grande liberté dans la parole. Carine est entière, elle ne se cache pas derrière un savoir ou un paraître. Elle ne s’excuse pas d’être différente. Elle a conscience du poids de la normalité, qu’elle se sent incapable d’incarner.

L’arrivée de son enfant et son souhait de « faire famille » marque un tournant dans le regard que la société pose sur sa différence. Dès lors, elle doit se battre, notamment face à l’institution, garante de la norme. Dès lors, elle doit tout justifier, planifier, préciser, rendre des comptes.

Cette fiction s’inspire d’une froide réalité, celle d’un système normatif qui échoue à protéger mais produit l’exclusion, la mise à la marge. D’autant que Carine et son fils ne sont qu’un dossier parmi d’autres, pris dans un vaste engrenage de dépersonnalisation administrative qui broie les êtres les plus fragiles.

L’histoire de Carine révèle combien la notion de famille est un noyau que la société contrôle en imposant des règles strictes. Elle est le berceau des réflexes moraux, le lieu où s’épanouit le culte de la norme. Or, une femme seule dite « arriérée » avec son enfant ne rentrent absolument pas dans le cadre normatif de la famille nucléaire. Pour se rassurer, la collectivité tente de contrôler Carine Bielen et de l’empêcher de faire famille.

Face à cette rigueur, le témoignage touchant de cette femme, criant de vérité et d’amour pour son fils, provoque une empathie, fait vaciller nos consciences et notre propre rapport à la norme. Au- delà du « cas » Carine, le texte interroge sur l’émancipation et la mise à distance des règles morales. Ces règles s’avéreraient-elles plus discriminatoires que protectrices ? La norme pourrait-elle nous rendre aveugle, nous déshumaniser en prenant en charge une morale que l’on serait dédouané de penser ?

Avec ce spectacle, nous tentons de nous déplacer légèrement, pour provoquer en chacun et chacune un petit bouleversement et inviter à construire un regard critique, une conscience moins léthargique de la norme qu’il est nécessaire de réinterroger, individuellement comme collectivement.

« Nous sommes entrés dans un type de société où le pouvoir de la loi est entrain non pas de régresser, mais de s’intégrer à un pouvoir beaucoup plus général : celui de la norme. Ce qui implique un système de surveillance, de contrôle tout autre. Une visibilité incessante, une classification permanente des individus, une hiérarchisation, une qualification, l’établissement des limites, une mise en diagnostic. La norme devient le partage des individus. »

Michel Foucault, L’Extension sociale de la norme, 1976

L’interprétation : la voie du clown

Avec Virginie Colemyn, nous construirons un personnage décalé, drôle, laissant transparaître une vulnérabilité toute humaine. Loin d’être grotesque ou moqueuse, cette incarnation se voudra sincère, délicate.

Même si Carine affirme que ses facultés mentales sont en-dessous de la moyenne, elle est une femme libre d’esprit - et non pas faible d’esprit - dont la candeur touche.

C’est une figure de clown sans filtre qui se dévoile devant nous : elle fait des gaffes, nous arrache un rire de sa condition miséreuse à l’image de l’anecdote du fromage à 79 centimes de chez Aldi. Ce personnage brut, tout aussi poétique que cathartique suscite une magnifique empathie.

La figure du clown, qui touche au tragique le plus profond tout en provoquant le rire, nous semble appropriée pour inspirer l’incarnation de Carine. À l’image de Charlie Chaplin, un clochard qui fait face à un monde violent, injuste et cruel au moyen de pirouettes, Carine tend un miroir burlesque aux Hommes et à la société.

Coproduction : Théâtre national populaire 

Partenaire : Théâtre de Roanne 

avec : Virginie Colemyn

musique et bruitage : Pauline Hercule

scénographie : François Dodet
lumière : Lucas Collet
composition musicale : Mathieu Ogier et Pauline Hercule
costumes : Agathe Trotignon
conception origami : Angélique Cormier

Le texte, lauréat des Journées de Lyon des Autrices et Auteurs de Théâtre, est publié aux éditions Lansman.

 

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