CE QUE VIT LE RHINOCÉROS
lorsqu’il regarda de l’autre côté de la clôture
De Jens Raschke – traduction Antoine Palévody
Ce texte est lauréat des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre et a reçu
L'Aide à la Aréation d'ARTCENA
Spectacle pour tous dès 10 ans – Création Mars 2022- durée 1H
"La forêt de hêtres, le paradis des animaux ! La forêt de hêtres, l'enfer et la mort des hommes".
Karl Barthel, emprisonné dans le camp de concentration de Buchenwald de 1937 à 1945,
dans ses mémoires, Die Welt ohne Merce
Compagnie Germ36
Mise en scène : Pauline Hercule, Pierre Germain
Avec :
Tom Da Sylva, Matthias Distefano, Isaure Marigno, Romane Brandeis
Scénographie : François Dodet
Création lumière : Pierrick Corbaz et Sébastien Dumas
Costumes : Adélie Antonin
Chargé de Production : Léa Robinet
Coproduction : Théâtre de la Croix Rousse
Partenaires : Nouveau Théâtre Du Huitième, Théâtre de Roanne, CHRD (Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation), Collège Aimé Césaire de Vaulx en Velin
Dans l'histoire saisissante de Jens Raschke, les animaux dʼun Parc Zoologique regardent au-delà de la clôture et voient d'un côté les « Bottés » et leur « jolies maisons » et de l'autre les « Rayés » et leur « vilaines maisons ».
Après la mort soudaine du rhinocéros, le nouveau venu, un jeune Ours de Sibérie, bouleverse la vie tranquille et ordonnée des animaux du zoo. Lʼours provoque la colère de Papa Babouin et lʼétonnement de Petite Marmotte avec ses questions inconfortables et dérangeantes : Qui sont ces étranges créatures zébrées de lʼautre côté de la clôture ? Pourquoi lʼimmense cheminée fume alors quʼil fait chaud dehors ? Pourquoi les oiseaux ont-ils disparu ?
Pour conter cette histoire lʼauteur s'est inspiré d'une photo en noir et blanc du Zoo de Buchenwald. Histoire méconnue (les vestiges du zoo nʼont été découverts que dans les années 90) mais pourtant véridique.
Il y avait donc un zoo adossé au camp de Buchenwald. Jens Raschke, sans jamais utiliser le terme de « camp de concentration » ni contextualiser son histoire, fait un éloge puissant au courage et nous alerte pour ne pas fermer les yeux face à l'injustice.
Cette fable contemporaine nous incite à regarder notre passé et à nous confronter à la sauvagerie inhérente à lʼhumanité.
La prouesse de Ce que vit le rhinocéros lorsquʼil regarda de lʼautre côté de la clôture , c'est de créer une fable contemporaine et moderne, non pas avec morale et didactisme, mais une fable où les animaux sont incarnés, sans véhiculer les attributs archétypaux que leur assigne traditionnellement notre culture. Il ne s'agit pas non plus d'une pièce historique. En effet, l'auteur n'utilise pas le terme de camp de concentration, il laisse ainsi le spectateur imaginer ce que voit l'ours et ce que vit le rhinocéros de l'autre côté de la clôture. Ces regards qui se portent sur l'injustice des hommes et leur sauvagerie n'appartiennent pas qu'au passé. L'imaginaire n'est pas figé dans un contexte et permet ainsi de nous interpeler sur la question des injustices actuelles. La pièce nʼest pas complaisante avec nos lâchetés d'hier et d'aujourd'hui.
Il ne s'agit donc pas d'une pièce historique mais d'une histoire qui met en exergue les comportements humains. Quelles sont les attitudes d'un groupe ou d'un individu confronté à l'injustice ? Jens Raschke nous propose, avec précision et pertinence, des figures animalières rattachées à des comportements humains actuels sans caricature.
Croquis de François Dodet
En choisissant un chœur, une tribu, pour dire lʼHistoire, Jens Raschke permet de souligner la place du peuple par rapport à ceux qui décident ; ce groupe dʼanimaux et de
narrateurs tente de questionner le pouvoir entre des individus et un système collectif dʼoppression. Le chœur est notre propre miroir et un processus d'identification est possible. Sommes-nous plutôt Ours ou Babouin ?
Pour porter cette histoire, nous avons choisi 4 jeunes acteurs tour à tour narrateur, personnage, chœur, musicien-bruiteur. Nous faisons le choix dʼune distribution jeune et encore en cours dʼapprentissage du métier de comédien pour porter ce texte sensible. Dans un souffle unique avec, sans cesse, un partage de la parole, les quatre interprètes nous transmettent cette parabole. Ce quatuor est pour nous le prétexte à questionner le chœur contemporain.